Fabrication d'acier artisanal à partir de minerai de fer

Voici quelques photos de ma première réduction de minerai seul à l'atelier.

Pour cela le minerai est réduit dans un bas foyer afin de créer une loupe d'acier qui sera ensuite épurée et feuilletée sur elle même afin d'obtenir un acier utilisable.

Grappage d'acier artisanal

ou acier issu de bas foyer

Voici un projet un peu particulier.
Certains l'appellent tamahagané, d'autres acier de réduction ou acier de bas foyer, ou encore acier premier.

Et c'est pour moi un vieux rêve qui prend forme ! J'ai eu la chance l'été dernier de ramener du Périgord de ce fameux acier 100% artisanal. Il s'agissait plus précisément de nodules annexes et de mousses de fer qui ne se sont pas agglomérés à la loupe principale lors de la réduction du minerai.

Afin de finir la réduction de ces parties métalliques et de les souder ensemble, j'ai procédé à ce qu'on appelle un grappage. Ce qui m'a permis de sortir une petite loupe, qu'il a fallu épurer de tous les restes d'impuretés (scories). Forger un méplat et le feuilleter sur lui même afin de l'homogénéiser et de lui donner sa structure.

C'est vraiment une matière noble à travailler et pour avoir participé à toutes les étapes depuis la préparation du minerai jusqu'à la forge de la lame. Je peux vous assurer que travailler cet acier apporte une autre dimension à la forge. C'est impressionnant de voir la quantité d'effort, d'énergie et de technique que les anciens mettaient en œuvre pour créer du fer et de l'acier ! Ça va a l'encontre du fonctionnement de notre société de consommation ou tout est jetable...

Ça me donne vraiment envie de continuer dans cette direction et pourquoi pas de faire de temps en temps mon propre acier à partir de minerai !

Voilà, en attendant j'ai forgé ce petit barreau dans lequel j'ai fait différents tests, afin de pouvoir sortir une lame. Elle est en cour et je dois dire que je suis assez content du résultat !

C'était une sacré expérience !

Après avoir forgé le méplat, et l'avoir déoxydé à l'eau. Je le coupe en 5 morceaux et en profite pour observer les étincelles. En gros, à ce stade là j'ai 2 parties. Un partie plutôt ferritique (étincelles fines) et une autre fortement carburé (étincelles pétillantes et fournies).
Ce sera confirmé par un petit passage au perchlo qui les fera apparaître, la partie foncé étant la plus carburé.
Mais c'est plutôt bien, car je vais le feuilleter sur lui même.

Avec je forme un lopin de 5 morceaux que j'enduis d'argile et de charbon de paille afin de ne pas utiliser de borax. Malheureusement n'est pas japonais qui veux et après 2 tentatives ratées, j'ai finalement fait mes soudures au borax... 

Une fois mes 5 morceaux soudés entre eux, j'étire le lopin le tranche à chaud par le milieu fait sauter les oxydes et le replis sur lui même pour le souder. Cette opération sera répété 9 fois afin d'obtenir un feuilleté très fin et plus homogène ! En gros 2560 couches !

Un passage au perchlo fait apparaître une couleur sombre homogène.

Vient ensuite la forge de la lame, la trempe sélective à l'argile le revenu le polissage, etc. Mais là désolé j'ai oublié de prendre des photos... 

Après révélation voilà la lame prête à être montée ! Après quelques tests avec les limes de dureté, j'estime environ 60hrc au tranchant, ce qui est bien et même très bien !

Pour vous mettre l'eau à la bouche le couteau monté en liner lock avec des platines guillochés en Titane anodisé, des mitres en bronze et des plaquettes en rostre d'espadon!